De cette affirmation, j'ai fait l'essentiel de mon exposé.

Je voudrais vous inviter à réfléchir sur ce qu'est fondamentalement la Foi chrétienne, parce qu'elle conditionne notre prière et notre manière de l'aborder.

Au delà de tout ce que nous sommes, de tout ce que nous vivions, ce qui paraît devoir être premier pour nous, c'est d'avoir des racines spirituelles profondes.  Pourquoi profondes ? parce que notre temps ne facilite pas cette Foi chrétienne.  C'est un peu comme un arbre… s'il est au milieu d'une forêt, entouré d'arbres comme lui, il a des racines, bien sûr, mais son environnement lui assure tout autant sa croissance.  Si vous mettez cet arbre en plein vent, seul au milieu d'une plaine, regardez comme il creuse le sol et comme ses racines s'enfoncent pour assurer son équilibre et sa survie.

Au centre de notre vie, il y a notre référence à Dieu… et c'est la première racine, la plus fondamentale de notre Foi.  Entre un être qui croit réellement et un autre qui ne croit pas, il y a une manière tout autre de se comporter dans la vie, de lire les événements, de trouver un sens à cette vie.  Et l'on s'aperçoit très vite que cette conception fondamentale nous permet difficilement de dialoguer sur les choses essentielles.  (Bien sûr il peut toujours y avoir dialogue, mais il s'arrête quand les références divergent ou s'opposent).

Dire «je crois», c'est cependant tout le contraire d'une installation, d'une tranquille assurance.  C'est d'abord une reddition immédiate de soi, une reddition assez radicale… par la foi (dire «je crois»), on sort de soi et on entre en Dieu.

Entrer en Dieu… c'est un dépouillement, c'est une disponibilité, une remise entre les mains de Dieu.  Dire «je crois», c'est dire «je fais confiance, j'abandonne ma superbe, mes arguments, mes défenses… je m'en remets à Toi».

Entrer en Dieu de cette manière, c'est se mettre en état de Pauvreté.  Faire un acte de foi, c'est faire un acte de pauvreté : je ne suis pas capable tout seul de m'en sortir, je m'en remets à toi.  François d'Assise affirmait que le vrai pauvre, c'est celui qui n'a plus d'autre recours que Dieu.

Croire en Dieu, c'est croire en Quelqu'un qui nous dépasse toujours, qui se présente souvent à nous sous un aspect nouveau, inattendu.  Et la Foi n'est jamais une acquisition, c'est un appel… pas une sécurité mais un risque, un pari…  pas une consolation mais une aventure.  On ne s'y repose pas, on s'expose.  Croire, c'est se mettre à la disposition de Dieu et personne n'a entendu la parole de Dieu sans entendre aussi l'ordre de partir : «Quitte ton pays, quitte tes habitudes, tes sécurités… »  ou encore «Vends ce que tu as et puis viens, suis-moi, fais-moi confiance». 

Pourtant, quand on y réfléchit, on a envie de croire.  (Jacques Brel chantait «Si c'était vrai ...  0h oui, comme j'y croirais ! »  Rien n'est aussi bon, rien n'est aussi consolant, épanouissant que de faire confiance à Quelqu'un, de s'y fier, de s'en remettre totalement à un autre, de se réfugier en Quelqu'un dont en qui on a complètement confiance.  Nous avons tous, par delà nos révoltes et nos doutes, un besoin éperdu de confiance.  Et pourtant, il y a des tas de motifs qui nous empêchent d'être comme un petit enfant dans les bras de sa m ère.

Jésus pourtant agissait ainsi (et nous le verrons agir et parler dans ce sens plus tard).  Il parlait toujours de son Père.  C'est sa référence.  Il disait «Le Père ne me laisse jamais seul et je fais toujours ce qui lui plaît.  Le Fils ne peut rien faire de Lui-